lundi 30 mars 2015

Février 2015









JOURNAL SI PEU LITTÉRAIRE









Dimanche 1er février

Sept heures vingt. – Terminé hier, juste avant le dîner, le journal 2014 de Renaud Camus, intitulé Morcat. Tout au long de ces six cents pages, je n'ai cessé de me féliciter d'avoir renoncé à sa lecture quotidienne en ligne, qui m'avait beaucoup frustré en 2013 : ces deux derniers jours, j'ai retrouvé, intact, le plaisir que j'ai depuis au moins huit ans maintenant, à lire ce journal d'une seule coulée. Évidemment, c'est la loi du genre, certaines parties m'ont moins intéressé que d'autres ; c'est notamment le cas de toutes les péripéties politiques, la campagne électorale du NON, en particulier. Mais enfin, c'est loin d'être l'essentiel du volume, Dieu merci. Pour le reste, je me suis trouvé particulièrement sensible (ben tiens !) à la façon dont Camus traite de la fuite du temps, de la perte en général, du monde que l'on va peut-être quitter (je veux dire : peut-être bientôt…), dont on regrettera les splendeurs, mais certainement pas ce qu'il est si acharné à devenir.

J'ai beaucoup souri. En raison de cet  humour dont Camus se départ assez rarement, et qui est très efficace sur moi, mais aussi grâce à son comique involontaire, lequel intervient dès qu'il est question de ses ennuis de santé, et principalement urinaires (ce n'est certes pas le monorénal que je suis qui lui jettera la pierre…). Camus fait partie de ces gens, que je crois assez nombreux, qui révoquent presque systématiquement en doute ce que leur disent les médecins de leur état et qui, aussitôt, s'empressent d'établir à la place du leur un diagnostic hautement fantaisiste de leur cru. Parmi les écrivains du XXe siècle, ils sont au moins deux, à ma mince connaissance, à être et avoir été affectés de cette étrange maladie mentale : Marcel Proust et Renaud Camus. Je crois que, dans ce domaine, le second fait preuve d'une loufoquerie encore plus réjouissante que le premier – mais il faudrait se reporter à la correspondance de Proust pour pouvoir comparer utilement.

Le lecteur pourra s'amuser également d'une chose qui n'est nullement drôle pour l'auteur, à savoir ses démêlés internétiques avec trois ou quatre aliénés, fous furieux, déments en liberté même pas surveillés ; des guignols bave aux lèvres qui ne cessent de l'accuser des pires maux du temps (racisme, antisémitisme, extrême-droitisme, etc.), mais qui pimentent leurs cris d'orfraies et leurs indignations de chaisières de ce qui se fait de plus crapuleux et ordurier en matière d'insultes anti-homosexuelles.. On ne donnera aucun nom (mais lui les donne…) ; disons que le chef de file de ces camisolards a la réputation – méritée – d'écrire le français comme un Basque espagnol.

Une autre bonne nouvelle (mais quelle était donc la première, déjà ?) est que, Camus ayant moins voyagé en 2014 que certaines autres années, le journal est moins envahi par les jérémiades hôtelières ; il y en a juste ce qu'il faut pour convaincre et rassurer le visiteur régulier que, oui, ouf ! on est bien chez Camus et nulle part ailleurs.

Le dernier membre de la phrase précédente est tout à fait bancal syntactiquement (rassurer que…), je le sais, mais je le laisse néanmoins car il va nous faire office de transition. À la date du 23 juillet (page 349), Camus aborde justement cette question de la correction, voire de l'hyper-correction, au travers de quelques exemples de phrases qui, d'après lui, ne devraient pas pouvoir s'écrire (même si, pour l'une d'elle, il reconnaît qu'elle n'aurait nullement gêné un Saint-Simon. Ainsi : « Je ne voulais pas qu'il vienne et c'est exactement ce qu'il a fait. » Il a bien sûr raison, la phrase pêche par sa syntaxe, dans la mesure où le qu' de “ce qu'il a fait” ne se rapporte à rien.  Mais, aussitôt, Camus convient que la solution de remplacement, correcte, elle, n'est guère satisfaisante : « Je n'avais aucune envie de le voir venir, et c'est exactement ce qu'il a fait. » En effet, la première phrase est beaucoup plus satisfaisante pour l'œil et l'oreille, si elle ne l'est pas pour la syntaxe ; plus rapide, plus fluide, plus élégante en un mot.

Il cite un autre exemple, qu'il dit caricatural, et de fait, on peut trouver qu'il se constitue presque en gag. Néanmoins, je me sentirais tout près à l'avaliser, à l'accueillir, à lui fournir des papiers et des prestations sociales d'urgence, tant les substituts corrects qu'on peut lui trouver font lourdauds à côté de lui. Voici : « Elle adore tout ce qui est anglais, et d'ailleurs elle y passe l'été. » Si une telle phrase me venait sous la plume, je suis presque certain que je la garderais ; même si, à l'exception de Camus qui est hors concours, il n'est pas facile de trouver plus tatillon de la syntaxe que moi. Mais je ne le suis pas au point de me muer en une sorte de syntaxidermiste.

C'est en tout cas l'immense mérite de ce journal ; de ce journal dans son ensemble, pas uniquement du volume qui vient de paraître : on peut, presque à chaque page, s'arrêter de lire pour dialoguer silencieusement et à perte de vue avec son auteur, sans le lasser jamais.

Des reproches ? Non, en vérité aucun. Vraiment ? Même pas un tout petit, pour jouer les critiques objectifs ? Allez, si vous y tenez : pourquoi diable Renaud Camus s'obstine-t-il, tout au long de ce livre, à écrire “minuit et demi” au lieu de “minuit et demie” ?


Mercredi 4 février

Huit heures vingt. – Je crois vraiment qu'il va être temps de mettre fin à ce journal, ou au moins à son existence publique. Je n'ai plus envie d'y venir,  y viens de moins en moins, et seulement pour y raconter n'importe quoi, voire rien. Le premier de ce mois, j'étais assez content de parler du dernier tome du journal de Camus ; mais pourquoi ai-je transformé ce que je notais ici en billet sur le blog ?

Le blog : je commence aussi à en avoir assez. Le mien, d'abord, et surtout ceux des autres. Les très rares billets que je puis écrire et qui me semblent intéressants, ou disons : pas trop ratés, seraient tout à fait à leur place dans le journal. Et, si je supprimais mon blog, il est presque certain que je cesserais d'aller lire celui de trois dizaines d'imbéciles n'ayant rien à dire, ne comprenant à la politique que ce que j'en entrevoyais quand j'avais seize ans, au lycée Pothier d'Orléans.Je ne veux pas dire que ma compréhension de la politique soit devenue bien supérieure à la leur, mais simplement que, moi (ainsi que quelques autres tout de même), je parviens à ne pas penser qu'à cela, et même à y penser fort peu.

– À propos de Pothier, il fut beaucoup question, entre Catherine et moi, à notre apéritif de ce soir, d'Orléans, puisque le “Montcosson” où se passe ma tentative de roman, est plus ou moins cette ville, mais telle qu'elle était quand j'y vivais, c'est-à-dire dans les années soixante-dix. Apéritif fut pris parce que, en début d'après-midi, j'ai fini de retranscrire sur l'ordinateur mon chapitre troisième, que je lui ai ensuite donné à lire.

Naturellement, Catherine m'a dit qu'elle avait aimé ce chapitre : comment s'y serait-elle prise pour me dire qu'il lui semblait mauvais, si ç'avait été (ou si c'est) le cas ? Je ne la mets pas, la prenant comme seule lectrice, dans une situation confortable. En tout cas, je détesterais être à sa place, si nos rôles étaient inversés.

Néanmoins, j'aime parler de ce que je fais avec elle, et il me semble que, quel que soit le résultat, le résultat de mes efforts, je n'aurais pas pu imaginer vivre avec une meilleure lectrice. Car je suis presque certain que, si soudain ce projet de roman sombre, elle sera incapable de me le cacher. (Ce que je viens d'écrire là n'est-il pas tout à fait contradictoire avec le paragraphe précédent ? En apparence oui, mais au fond non.)


Jeudi 5 février

Huit heures et demie. – Nous n'étions pas censés, ce soir, nous alcooliser de nouveau. Mais Catherine m'a demandé de la conduire à Pacy pour la messe de six heures ; or, cette messe, au lieu d'une demi-heure, a duré trois grands quarts d'heure, ce qui m'a fourni une excellente raison pour, enfin revenus à la maison, exiger un verre ou deux, ce que je savais très bien qu'elle ne pourrait me refuser : après tout, je venais tout de même de passer près d'une heure (tout compris) sur un bien morne parking. En fait, je la soupçonne d'avoir accepté l'apéritif en se disant que, après, je n'aurais plus envie de regarder la télévision.  Or, j'avais opté pour le film de Spielberg consacré à Abraham Lincoln (qui ne me tentait pas plus que ça, mais il n'y avait vraiment rien d'autre), sachant très bien qu'elle aurait préféré regarder le polar suédois proposé par Arte, dont elle a vu la première “saison” (trois épisodes…) la semaine dernière : en ce qui me concerne, je suis allé me coucher au bout de cinquante minute, tellement ces pauvres Scandinaves sont ennuyeux. Donc, se montrer partante pour une heure d'alcoolisation était le meilleur moyen de m'éliminer de cette soirée télévisée. (La preuve : il est presque neuf heures et je suis toujours dans la Case à taper ces bavardages ; donc, elle a gagné et doit être en train de regarder ses crétins de Suédois, englués dans leurs intrigues traînantes, en face de quoi Derrick doit ressembler à un western de Peckinpah.)

– À côté de ça (quelle bizarre formule ! voilà que je me mets à parler comme Jonathan…), la journée fut stupide, car occupée à rien, mais à des successions de riens très prenants – inutile de détailler. Lecture, tout de même, du livre publié par Les Belles Lettres sur la fin de l'empire romain, dont je persiste à oublier le nom de l'auteur, en tout cas à ne pas savoir l'écrire sans faute. (Rajout du 12 mars : Michel De Jaeghere.)

– Demain, ou après-demain au plus tard, il faut que je me remette à mon quatrième chapitre : deux pages de cahier chaque jour, obligatoirement, et sans plus d'interruption, même si le Vésuve détruit Pompéi inopinément. Il faut que cette tentative de roman soit terminée fin avril. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Il faut, c'est tout. (Note du 12 mars : on en sera assez loin, j'en ai peur…)


Vendredi  6 février

Sept heures. – La journée s'est traînée plus qu'elle n'a marché, comme chaque fois, désormais, que j'ai pris de l'alcool la veille au soir. Ce n'est donc que demain que je me remettrai au roman. Pour aujourd'hui, Léautaud fut mon seul compagnon.

Quel incorrigible geignard, tout de même, que ce Léautaud ! J'en suis aux années 1921 – 1923. Cela fait déjà plusieurs années qu'il se plaint de ce que sa chronique théâtrale ne lui est payée par Alfred Vallette que 35 francs pièce. Lorsqu'il perd cette chronique et part la faire à la NRF, Gaston Gallimard lui accorde 200 francs. Eh bien, il continue de se plaindre, cette fois parce qu'il a l'impression de voler cet argent, si jamais il n'est pas tout à fait content de son texte, ou s'il a rendu seulement huit pages au lieu des dix de d'habitude, etc.


Lundi 9 février

Trois heures. – La lecture du Journal littéraire de Léautaud ne constitue guère, pour le romancier en herbe, un encouragement à se remettre à l'établi. On passe son temps à croiser entre ses pages des écrivains ayant à leur actif deux, cinq, dix romans publiés ; des gens qui se démènent pour les faire connaître, élaborent des stratégies pour se constituer des relations dans les journaux, décrocher des prix, se faire élire à des académies, etc., et qui souvent y parviennent fort bien. Et que reste-t-il, d'eux et de ce qu'ils appelaient probablement leur œuvre, à peine un siècle plus tard ? Rien. Un nom qui surnage grâce à Léautaud et qui ne dit plus rien à personne, sauf peut-être à quelques universitaires qui ont décidé de consacrer leur vie professionnelle à cette étroite période de l'histoire des lettres françaises. Dans ces conditions, pourquoi s'échiner, s'éperonner soi-même, alors qu'on sait bien être promis au même sort ? Pour faire plaisir à Catherine ? Épater une demi-douzaine de blogueurs ? Même si la première raison me paraît infiniment mieux recevable que la seconde, je me demande si tout cela vaut la peine de se démener.

Moyennant quoi, j'ai trouvé hier soir l'idée qui va me permettre d'étoffer le chapitre 4 – celui au milieu duquel je bivouaque depuis des jours – et de rendre plus cohérents les 7 et 8. Le tout est simplement de s'y remettre.


Mercredi 11 février

Sept heures et demie. – Ce doit être bien fatiguant d'être de gauche de nos jours ; je suis fort content de ne plus l'être, surtout à mon âge : songer qu'il faudrait que je m'indigne et m'époumone au moins trois fois par semaine, et sur les sujets les plus futiles, voilà qui suffit à m'épuiser. Par exemple, aujourd'hui, il m'aurait fallu hurler au fascisme et à la dictature, parce que le maire de Béziers a décidé que ses policiers municipaux seraient désormais armés. Des policiers armés ? En effet, il y a là de quoi s'émouvoir ! Voilà une dérive que l'on n'avait encore jamais vue ! Si encore les délinquants l'étaient parfois, armés, cela pourrait à la rigueur se justifier ; mais chacun sait bien qu'il n'en est rien.

– J'ai reçu Domaine public ce matin, le second volume des chroniques de Jean Dutourd ; je m'y suis aussitôt précipité, et c'est un régal ; presque autant que les haricots au collier de mouton que Catherine avait mitonnés pour le dîner – avec ajout d'une saucisse de porc, parce que, même à table, nous restons nauséabonds.

– Toujours pas de reprise du roman, cela dit.


Jeudi 12 février

Huit heures. – La lecture des chroniques de Dutourd est budgétairement ravageuse : je viens de commander le théâtre de Labiche en collection Bouquins, et je me retiens à quatre pour ne pas tout de suite acheter une douzaine d'autres livres, dont je ne veux même pas recopier les noms ici, de peur de réactiver le désir que j'ai d'eux.

– Hier, Axelle La Crevette, comtesse de La Grenouillère, nous a invités pour samedi à un déjeuner chez elle, qui réunira quelques convives, la plupart issus de la blogoboule mais pas tous. Catherine m'a aussitôt dit qu'elle n'irait pas, la voiture lui étant encore pénible puisque son épaule opérée enregistre douloureusement le moindre cahot de la route ; or, pour se rendre chez la comtesse, il faut franchir environ cent cinquante ralentisseurs, au fil des multiples villages de la vallée de l'Eure. Elle m'a dit que, si cela me tentait, je pouvais très bien y aller sans elle. Je n'avais pas encore pris connaissance du mail d'Axelle à ce moment-là et j'ai dit que non, je n'y tenais pas du tout (je ne tenais pas à y aller seul). Puis, j'ai lu le mail en question, lequel comportait la liste des invités (Axelle est une maîtresse de maison d'une élégante prudence…) et j'ai finalement changé d'avis, notamment par envie de rencontrer Aristide, que je lis régulièrement depuis un bout de temps déjà, et poussé par la curiosité pipeulesque de découvrir la nouvelle compagne de Matthieu Woland. – Ce sera donc samedi midi. Et comme il me faudra boire de l'eau afin de ramener ensuite la voiture en toute sécurité, je me récompenserai, le soir venu, par un apéritif de hussard.

– Sinon, j'ai écrit ce matin une grande page du roman, mais je suis à peu près sûr qu'elle ne vaut rien. N'importe : c'était histoire de s'y remettre.


Samedi 14 février

Neuf heures et demie du matin. – Dans une heure et demie je prendrai la route (sous la pluie…) pour me rendre chez La Crevette. Je suis ravi de les revoir, Damien et elle, très content également de retrouver quelques connaissances et d'en faire d'autres. Néanmoins, comme c'est désormais rituel chez moi, ma première pensée en m'éveillant tout à l'heure a été de me dire que j'aurais dû refuser ce déjeuner : la perspective de devoir passer trois ou quatre heures à parler et entendre parler suffisait pour me plomber l'humeur et me donnait envie de rester au lit. Catherine, à qui je disais cela il y a un instant, s'en est amusée et m'a dit que j'allais revenir ce soir enchanté de ma journée et des personnes rencontrées. Elle a parfaitement raison, sauf accident (je ne parle pas des deux trajets, en l'occurrence) c'est bien ce qui va se produire et je le sais parfaitement. Il n'empêche que, pour le moment, je donnerais gros pour pouvoir rester at home.

De même, je ne pense pas l'avoir noté ici, Catherine s'est mise en tête d'aller passer deux jours à Bruges, au printemps. Bien sûr, j'ai dit oui, mais je n'ai absolument aucune envie de ce voyage. Quand elle m'a demandé si elle pouvait réserver l'hôtel, je lui ai encore dit oui, mais en lui recommandant d'en choisir un où l'on ne règle pas d'avance et où la possibilité d'annulation est avérée : elle a très bien compris ce que je voulais dire. J'espère en effet que, comme cela s'est déjà produit, elle-même se déprenne de ce voyage – surtout lorsqu'elle aura récupéré l'usage de son bras et mènera de nouveau une vie normale – et propose alors de ne le point faire. Sinon, tant pis : nous irons à Bruges.

Huit heures et demie. – Comme d'habitude, lorsque je reviens d'une journée “mondaine”, j'ai redit tout à l'heure à Catherine ma stupéfaction, mon admiration, je ne sais quoi encore, devant ces écrivains qui, à l'issue d'un repas ou d'une journée passés avec d'autres gens, sont capables d'en rendre compte dans leur journal ; et, pour certains, de le faire de façon vivante et littéraire en même temps, le meilleur dans ce domaine étant à mon sens Léautaud (mais Maurice Martin du Gard et Maria van Rysselberghe, la “Petite Dame” de Gide, ne sont pas mal non plus).

J'ai passé un peu plus de trois heures chez Axelle et Damien, au milieu d'une dizaine de personnes. Le moment fut excellent et… Non, déjà là ça ne va pas : le “moment” ne fut pas du tout excellent (ce qui d'ailleurs ne veut rien dire) ; il fut agréable, ça oui ; mais il fut aussi extrêmement fatigant : je suis ressorti de ces trois heures à peu près lessivé, la tête bourdonnante de décibels et farcie de “discussions” qui n'en étaient pas mais auxquelles il fallait bien prendre part, puisqu'on était là.

Des discussions ? Non, même pas : des propos de table. C'est très bien, les propos de table, on peut même élever ça au niveau d'un art, si l'on veut, si l'époque le veut et si les convives s'y prêtent. Mais sans moi, désormais : je ne sais pas si j'ai passé l'âge, ou l'époque, ou je ne sais quoi d'autre,  mais je sais que ce déjeuner d'aujourd'hui sera pour moi le dernier de ce type. Il n'y a que de la frustration à en recueillir. J'étais ravi de croiser Matthieu (Woland) : nous ne nous sommes pas parlé, puisque nous étions au milieu de ce petit cénacle ; rencontrer Aristide m'avait poussé à accepter l'invitation d'Axelle : seuls nos coudes, à table, se sont rencontrés. Chacun caquetait, tentait d'être le plus amusant, le plus spirituel (et moi le premier, je le crains), personne ne disait rien, nul n'écoutait quiconque. Mais nous étions tous, visiblement, très satisfaits de nous-mêmes (sauf peut-être les deux ou trois qui n'ont rien dit : leur avis serait intéressant à recueillir).

On ressort de là, qu'en reste-t-il ? Rien. Rien pour moi, en tout cas. Longtemps j'ai cru que, si je ressortais vide de ce type de réunion, c'était parce que j'y buvais plus que de raison et que, donc, ma mémoire se mettait en sommeil. La raison n'était pas forcément mauvaise, mais elle n'était pas entière : je puis bien, comme aujourd'hui, passer trois ou quatre heures avec des gens que j'aime bien, il ne m'en reste rien, bien que n'ayant bu que de l'eau.

Rien ne m'était plus précieux, dans ma jeunesse, que ce genre de réunion à laquelle je me suis adjoint aujourd'hui. Désormais, je verrai les gens un par un, deux par deux à la rigueur, et pas très souvent.


Dimanche 15 février

Trois heures vingt. – Je crois que la fatigue (beaucoup) et l'alcool (un peu) m'ont fait établir hier soir un verdict qui dépasse tout de même ce que je ressens. Ce déjeuner, maintenant que j'y repense, fut vraiment agréable et il y fut tout de même parlé de choses diverses et souvent intéressantes ; et drôles parfois. De plus, j'ai été tout à fait content de faire la connaissance de Marie-Adeline, la nouvelle compagne de Matthieu Woland, jeune femme vive et rieuse, qui a beaucoup intéressé la tablée lorsqu'il a été révélé qu'elle travaillait pour ce site de rencontres sur internet qui se nomme Meetic. Le tableau qu'elle nous a brossé de la majorité des troupes qui se pressent là-dedans pour y trouver l'âme sœur (officiellement…) était très amusant ; mais reproduire ce qu'elle en disait ici ne serait sans doute pas très prudent, compte tenu du climat d'absolue liberté de pensée et de parole dans lequel nous vivons désormais. En tout cas, on a beaucoup ri de ses descriptions.

– J'ai momentanément délaissé le roman de Jules de la Madelène commencé avant-hier (Le Marquis des Saffras) pour revenir au journal de Léautaud. Et, bien que n'ayant évidemment pas écrit une ligne hier, j'ai trouvé, dans la voiture, sur la route du retour, la manière de finir mon chapitre 4 : ce ne devrait pas prendre plus que cinq ou six jours. Après, je vais plonger dans l'inconnu, ou presque.


Mercredi 18 février

Sept heures vingt. – Encore deux jours sans être venu ici, et surtout sans même y avoir pensé. Mais je m'en fous car, dans le même temps, j'ai repris le chapitre 4, en plan depuis plusieurs semaines maintenant, et, symbole, je suis passé du premier cahier au deuxième. Ce même chapitre 4 est presque terminé, ce qui signifie que je me rapproche du bord de la falaise puisque, à tort ou à raison, je considère que les chapitres 5 et 6 doivent être le cœur de cette espèce de roman ; mais, en même temps, je n'ai qu'une idée fort vague de ce qu'ils doivent contenir – surtout le 6.

– Au fond, le Journal littéraire de Léautaud n'est rien d'autre qu'un gigantesque tombeau, celui de tous les “écrivains” qui n'existent plus que parce que, précisément, ils sont mentionnés dans ce journal. Pas seulement mentionnés d'ailleurs, sinon le journal n'aurait pas la valeur qu'il a : à chacune de leurs apparitions, ils se remettent à vivre pour un moment, avec leurs manies, leurs ridicules, leurs petites lâchetés et leurs traits de grandeurs. Et le lecteur (en tout cas moi), se prend souvent à essayer d'imaginer leurs têtes s'il pouvait se transporter en leur temps et leur apprendre cela : que de toutes leurs agitations, ruses, productions, etc., il ne resterait rien, sauf le fait qu'ils ont, à un moment donné, croisé Paul Léautaud. Voilà qui ne donne pas beaucoup envie de persévérer dans l'écriture, surtout à mon âge.

Lui-même, Léautaud, vit intensément entre ces pages, parce qu'il ne masque rien de lui, et surtout parce qu'il ne sait pas quel portrait il est en train de dessiner, ni même s'il dessine quoi que ce soit. C'est ce qui le différencie de Gide, au détriment de celui-ci, je crois : qui s'intéressera à cette statue de soi qu'a sculptée Gide dans trois siècles ? Qui lira son journal avec la sensation précieuse de pénétrer de plein pied au cœur du premier vingtième siècle? Personne, je pense. Alors qu'avec Léautaud, oui ; et sans effort ni pose.

– Je suis de nouveau tenté, depuis hier, par l'envie de fermer mes blogs, c'est-à-dire de ne plus conserver que ce journal et de ne le donner à lire à personne – sauf à Catherine si elle en exprime le désir. Je suis titillé par une sorte de devenir-hérisson (j'aurais pu écrire : devenir-moule, mais c'était moins flatteur, quoique le sens soit à peu près le même).

– Demain, rendez-vous à Rouen, avec le chirurgien qui a opéré Catherine le 23 décembre dernier. On se figurait ça comme une délivrance joyeuse, mais dans la mesure où elle ne porte plus son attelle depuis environ deux à trois semaines, nous nous rendons bien compte que cette visite ne devrait pas changer grand-chose ; ce sera au moins une raison pour s'offrir l'apéritif.

– Ygor Yanka a publié ce matin un assez long texte sur son blog, alors qu'il n'y écrivait plus rien depuis des semaines (des mois ?). Il y parle de lui, de lieux et de gens qui ont servi de cadre et peuplé son enfance. C'est à la fois remarquable et décevant – j'espère pouvoir y revenir après relecture, démêler ces sentiments contradictoires. Dès à présent, je puis dire que je trouve dommage que, dans cette langue à la fois roide et fluide qui est la sienne, il laisse subsister quelques clichés qui passeraient inaperçus s'il avait moins de talent mais qui, chez lui, justement, font tache (“user ses fonds de culottes” quand il parle de l'école, et deux ou trois autres du même genre, que je retrouverai à la lecture prochaine).


Jeudi 19 février

Huit heures et demie. – Bonne surprise à la clinique de l'Europe : le docteur D., réparateur d'épaule, n'avait guère qu'un quart d'heure de retard. Il a trouvé (après lui avoir agité le bras gauche dans tous les sens) que Catherine allait très bien et, même, qu'elle était “en avance”. Catherine, une fois à la maison, m'a grommelé qu'il l'avait trouvée en avance parce qu'il s'était planté dans la date de ce rendez-vous d'aujourd'hui, qui aurait dû être donné deux semaines plus tôt ; et je crois qu'elle a raison. Néanmoins, si son épaule va bien, c'est à peu près tout ce qu'on pouvait exiger de ce chirurgien, lequel n'est, comme tout chirurgien, qu'une sorte de garagiste apte à vous réparer votre voiture (mais c'est une comparaison qu'il est préférable d'éviter de formuler devant eux…). Sauf que, dans ce cas, c'est vous-même qui êtes la voiture.

Le docteur D. a quelque chose de Gabriel Matzneff, dans le visage, la tonsure, l'élégance vestimentaire. Pour le reste… Nous sommes arrivés dans son cabinet avec deux livres (Catherine avec les “pensées” de Rivarol, moi avec L'Âme sensible de Dutourd), que j'ai posés sur le coin de son bureau : à aucun moment il n'a jeté un coup d'œil dans la direction des deux volumes. Les médecins d'aujourd'hui semblent aussi incultes, ou au moins aussi désintéressés de la littérature, que des grands patrons ou des hommes politiques.


Vendredi 20 février

Huit heures et demie (du matin…). – J'ai oublié, hier, de noter que j'avais, en rentrant de Rouen, trouvé dans ma boitamel un petit mot de Charles “Sorpasso” ; il était pour me rappeler la promesse que je lui ai faite samedi dernier, chez Axelle et Damien, de demander à Michel Desgranges pourquoi Les Belles Lettres avaient décidé de ne publier que deux volumes par an du journal de Muray, parcimonie dont lui, Charles, se disait très frustré. Je lui ai répondu pour lui dire que je n'avais nullement oublié et que je lui poserais la question lors de ma prochaine visite chez lui, ce que je compte faire en effet. Charles me disait aussi qu'il avait été ravi de me revoir à cette occasion ; je lui ai répondu que moi également, mais que je trouvais pénible la frustration engendrée par ces sortes de réunions trop nombreuses, où l'on voit effectivement beaucoup de gens, mais sans vraiment parler à aucune. D'après sa réponse, dont j'ai pris connaissance tout à l'heure, il semble à peu près sur la même longueur d'ondes, mais il me précise que lui, restant généralement dormir chez Axelle et Damien pour ne repartir que le lendemain, a l'occasion, le soir, après le départ du gros des troupes, d'avoir tout de même une conversation plus suivie avec ses hôtes.

D'un autre côté, je ne suis guère cohérent avec moi-même dans la mesure où, voilà quelques jours, je notais ici que ce qui m'avait poussé à accepter l'invitation d'Axelle était, outre le plaisir de les voir, Damien et elle, la perspective de rencontrer tel ou tel de leurs invités.

– Les puissances tutélaires ayant un livre sur épreuves à me faire lire (les mémoires de Jean-Claude Drouot, si j'ai bien compris), il me faut aller à Levallois tout à l'heure pour chercher l'objet en question. Évidemment, comme je dois conduire, il fait un temps de cochon.

– Hier soir, parce que notre apéritif fut somme toute assez raisonnable, j'avais décidé de regarder avec Catherine ce film de Cukor que nous connaissons à peu près par cœur : Indiscrétions (The Philadelphia story, en version originale), avec Katharine Hepburn, Cary Grant et James Stewart. Je me suis rapidement aperçu que si l'alcool ingéré ne m'empêchait nullement de regarder le film, il m'interdisait tout à fait d'en lire les sous-titres, du moins de le faire assez rapidement pour me maintenir à flot de l'histoire. Je suis donc allé me coucher.


Dimanche 22 février

Dix heures du matin. – Voilà presque une semaine que je n'ai pas écrit la moindre ligne sur le blog, et je m'en porte fort bien ; il est très satisfaisant, le matin, d'ouvrir sa boitamel et de la trouver vide, ou à peu près. Quand je dis vide, ce n'est pas tout à fait exact, puisque certains commencent à s'enquérir de ma santé, se disant inquiets, ou au moins perplexes, de ce silence inhabituel, tel Corto ce matin. Je crois bien que cette espèce de désaffection que j'éprouve tient au roman que j'essaie de faire avancer : même si je n'y travaille qu'une heure, deux maximum, par jour, je m'aperçois que je ne suis capable de penser à peu près à rien d'autre de mon lever à mon coucher. Je ferais sans doute mieux d'y penser moins et d'y travailler plus (slogan aux allures sarkozyennes : Penser moins pour travailler plus), mais qu'y puis-je ? si, au bout d'une heure, une heure et demie, j'ai l'impression que ma cervelle va se mettre à bouillir dans ma boîte crânienne ? Ce n'est pas moi qui ai décidé de ce rythme, il s'est imposé à moi ; et j'ai eu beau varier, essayer d'écrire le matin plutôt que le soir, scinder le temps de travail en deux, etc., rien n'y a fait : au bout de compte, passé une heure et demie quotidienne il faut que je m'arrête. Le tout, dans ces conditions, est de ne pas laisser passer un seul jour (Nulla dies, etc.), ce que je me suis pourtant empressé de faire, au beau milieu de ce quatrième chapitre qui n'en finit plus de s'achever.

Dix heures du soir. – J'aimerais me voir, là, à ce bureau, les épaules jetées en avant, la tête penchée sur le clavier, molle, vide, me demandant ce que je vais bien pouvoir écrire.  Je ne suis pas un auteur de journal (je le sais bien depuis que je relis celui de Léautaud), je ne suis certainement pas non plus un romancier, on s'en apercevra dans trois mois, alors ? Pourquoi est-ce que je continue à pousser les feuillets comme je le fais ? Je n'ai aucune idée, mais alors aucune, de la valeur de ce que j'écris (je parle du roman : pour le journal, la cause est entendue depuis un moment déjà). Ça devient presque amusant, à force.


Mercredi 25 février

Huit heures. – C'est incroyable, cette capacité que j'ai, à freiner de plus en plus fort à mesure que j'approche de la fin d'un chapitre. Il y a trois jours, j'estimais qu'il devait me rester environ quatre pages de cahier pour boucler le IV (estimation assez vague, à dire vrai) ; eh bien, ayant écrit deux pages avant-hier et près de deux et demie hier, je n'y suis toujours pas. Et comme, ce soir, j'ai trouvé maint prétexte pour ne pas l'ouvrir, ce fichu cahier (recopier un paragraphe de Léautaud sur le blog, envoyer un mail qui pouvait attendre demain matin à mes Puissances tutélaires, venir dans ce journal qui ne me demandait rien…), il me restera encore deux ou trois pages à écrire demain, qui ne le seront sans doute pas, ou pas tout à fait. Naturellement, je sais très bien pourquoi je freine ainsi : c'est que la fin d'un chapitre, qu'on la réussisse ou qu'on la rate, reste beaucoup plus confortable que le début du suivant ; on s'y sent un peu comme chez soi.

J'ai du reste passé une journée presque totalement statique et salonnarde, alternant les lectures du journal de Léautaud (année 1930) et de l'autobiographie d'une grosse chanteuse belge se faisant appeler Maurane, ce dernier ouvrage s'étant révélé un redoutable pensum par le néant dont il est imbibé.


Vendredi 27 février

Quatre heures. – Le mois se termine, mon quatrième chapitre aussi. J'en ai écrit les deux dernières pages hier, et j'ai fini de le taper il y a cinq minutes. Je vais le soumettre à Catherine dans une heure environ et elle rendra son verdict un petit plus tard, ce qui justifiera évidemment l'apéritif que nous allons prendre, soit pour fêter ma réussite, soit pour noyer ma désillusion : gagnant à tous les coups.

– Ce matin, pour je ne sais quelles raisons, peut-être simplement sans raison du tout, je me suis trouvé tout à fait réveillé à six heures. Je me suis levé presque immédiatement, à la profonde stupeur de Bergotte, peu habituée à me croiser en pleine nuit. J'ai été bien inspiré, si je puis dire, car, sitôt la première tasse de café avalée, je me suis installé dans mon fauteuil et, calepin en main, j'ai tracé tout le plan du prochain chapitre, le cinquième donc. J'aimerais beaucoup pouvoir annoncer ici, le 31 mars prochain, que je viens de terminer le chapitre VI ; mais, en réalité, ce sera déjà bien si, durant ce mois, je parviens à mener à bien son prédécesseur.

– Reçu tout à l'heure les Variété I et II de Valéry, alors que je viens tout juste de me remettre à lire Gourmont : Léautaud a décidément une influence curieuse sur moi. Mais enfin, il en est de pire.


Samedi 28 février

Midi. – Catherine semble avoir réellement aimé mon quatrième chapitre ; j'en suis d'autant plus content que j'avais – et ai encore, dans une moindre mesure – de forts doutes à son sujet. Je l'ai moi-même relu en même temps qu'elle (mais pas sur le même ordinateur) : lorsque le roman sera fini, si je le mène à bien, car l'épée est toujours au-dessus de la tête de Damoclès, il y aura un gros travail d'écriture à faire, en reprenant tout depuis le début. J'ai dit à Catherine, en ne plaisantant qu'à demi, que le livre aura maigri d'un quart lorsque j'en aurai ôté tous les adjectifs et adverbes non indispensables. Les adverbes, surtout, sont une solution de paresse, dans la mesure où ils dispensent, semblent dispenser de trouver le verbe exact, celui qui permettrait de se passer de cette béquille ; or, c'est une facilité dans laquelle je n'ai que trop tendance à tomber. Il faudra aussi se montrer implacable envers tout ce qui ressemble de près ou de loin à une “trouvaille”, à une formule plaisante (plaisante pour celui qui l'a trouvée et s'en montre absurdement content), etc. En gros, tout ce qui me paraît aujourd'hui flatteur pour moi devra disparaître.

En attendant, me voilà parvenu à peu près à la moitié du livre, puisqu'il devrait comporter huit ou neuf chapitres. Je suppose donc – mais c'est tout à fait “en l'air” – que les 285 000 signes écrits devraient eux aussi représenter environ la moitié du tout. À l'arrivée, au final, il devrait donc en compter entre cinq cent cinquante et six cent mille, ce qui me semble être une longueur raisonnable. Reste à savoir, évidemment, s'il s'agira bien d'un roman et non d'un illisible fatras ; auquel cas, sa longueur ne comptera vraiment pour rien.

– L'influence pernicieuse de Léautaud continue d'agir : plongé depuis ce matin dans le Variété II de Valéry, voilà que je viens de commander un roman de Jean Schlumberger, Saint-Saturnin, sous le seul prétexte que Léautaud en dit du bien au moment de sa sortie, en 1931. Les éloges qu'il accorde aux romans sont si rares et mesurés qu'il m'a semblé valoir la peine d'essayer celui-là. Je l'ai trouvé d'occasion à quatre euros, ce qui apaisera mes regrets de l'avoir acheté, si jamais je me retrouve avec un pavé illisible.

J'ai failli, toujours pour la même raison, commander un volume de poésie d'Henri de Régnier ; mais, bon, il ne faudrait pas exagérer non plus.

Huit heures. – Catherine a décidé, hier, de relire en continu mes quatre premiers chapitres ; elle en est à la fin du deuxième. Elle m'a déjà fait un certain nombre de remarques, inutiles pour certaines, très judicieuses pour d'autres, et notamment celle-ci : que mes adolescents semblent de pas avoir de téléphones portables. Elle a absolument raison : voilà ce qui arrive quand un vieux machin, caricaturalement réactionnaire, se mêle de mettre en scène des gens de 16 ans : il ne sait pas, littéralement, de quoi il parle. Elle m'a fait deux ou trois autres remarques dont je tiendrai compte, mais celle-ci est jusqu'à maintenant la plus importante.

En dehors de ces détails faciles à “récupérer”, ces conversations avec elle sont un peu dangereuses, dans la mesure où j'en ressors avec l'idée que je suis en train d'écrire un vrai roman.

En mon four intime, comme disait cette jeune femme portugaise que j'ai connue il y a longtemps, je me suis promis d'avoir fini le chapitre V pour le jour de mon anniversaire, 19 mars. (Note du 12 mars : encore raté…)

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